Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/164

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— Si tu me gardes, c’est pour me voir souffrir.

« Le fait est, pensa Boureil, que nul autre… »

— Égoïste !

— Tu me reproches cela aussi ?

— Non, je me plains.

Ensuite, bien malgré lui, Thérèse lui fit le récit de toutes ses joies de naguère. Et, cette nuit-là, Boureil ne put s’endormir à cause de sa jalousie. Le désir de vengeance est si vif que l’homme qui s’y abandonne ne peut attendre l’occasion de le satisfaire ; c’est à lui-même qu’il inflige presque tout le mal qu’il médite contre son ennemi.

Les jours suivants finirent en tête-à-tête féroces. À l’ennui, Thérèse préférait n’importe quoi, fût-ce la guerre. Mais Boureil désirait surtout la tranquillité ; il se résigna donc à sortir tous les soirs.