Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/165

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Thérèse l’entraînait chez des hommes et des femmes d’affaires. Des hommes qui faisaient de bonnes affaires ; des femmes qui en avaient fait de meilleures, leurs mariages, et de moins bonnes, leurs folles dépenses. Boureil, avec son air de banqueroute, plaisait aux femmes : il les vengeait de Thérèse qui ne déplaisait point aux hommes : même, elle réveillait en eux la seule passion dont ils fussent susceptibles, à part celle du gain.

À son tour, Boureil s’ennuyait. Ce n’est pas que ces gens ne pensassent qu’à l’argent et au confort ; mais, sur tout le reste, religion, morale, métaphysique, art, littérature, ils avaient à peu près les mêmes idées : l’école avait façonné leurs esprits sur un même plan. Et quand Boureil revenait chez lui, il avait l’impression de subir encore leurs propos tant les rues de Montréal sont régulières et pareilles.