Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/57

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ne savaient que recevoir d’eux. Toutefois, ils se vantaient de se suffire, de n’être point mondains. Sur les simagrées de la société, Elizabeth ne tarissait pas de plaisanteries ; de son côté, Auguste méprisait la sottise humaine. Tous leurs bons mouvements, les paroles tendres, leurs caresses, ils les réservaient à un petit épagneul roux à l’air éploré. C’étaient des bêtises bonnes pour une bête seulement. Pour tout dire, ils faisaient bien la charité aux misérables de la région, mais ils leur reprochaient de ne pas savoir être pauvres comme eux qui ne l’étaient point. Eux, avaient cet esprit de pauvreté qui permet de vivre chichement au milieu de l’abondance.

Bientôt Boureil se retira dans sa chambre, et il n’en sortit guère. Malgré l’intempérie, d’autres invités affluèrent, et l’on ne remarqua point son absence. D’ailleurs, Elizabeth jugeait qu’elle avait dû lui paraître d’abord