Page:Baillet - De quelques ouvriers-poètes, 1898.djvu/99

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Les grains que la terre féconde :
De grands mangeurs, pour leurs sillons,
Ont accaparé ses rayons.

Dodo mon petiot.
Il ne luit pas pour tout le monde.
Dodo, mon petiot,
Garde tes larmes pour tantôt.

Plus maltraité que la fourmi
Qui, l’hiver, se repaît au gîte,
Le pauvre, par l’âge blêmi,
N’est plus qu’une plante maudite.
L’arbre sans fruit qu’on met à bas
Meurt, mais du moins ne languit pas.

Dodo, mon petiot,
Les malheureux vieillissent vite,
Dodo, mon petiot,
Garde tes larmes pour tantôt.

Quand tu seras père à ton tour,
Au lieu d’écouter ta colère :
Lorsque du fruit de ton amour
La plainte sera trop amère :
A sa clameur pour mettre un frein.
Rappelle-toi de mon refrain :

Dodo, mon petiot,
Je le tiens de feu mon grand-père :
Dodo, mon petiot,
Garde tes larmes pour tantôt.