Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/10

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ÉPÎTRE.

ture du ſens & de toute la ſincérité du cœur que l’on pût ſouhaiter, lui avoit fait pourſuivre cette Vérité par tout ou il s’étoit douté qu’il pourroit la découvrir. Et s’il falloit juger du ſuccez de ſes travaux par l’excellence des talens qu’il y a emploiez, nous aurions dequoi raiſonnablement préſumer que cette Vérité ſe ſeroit enfin préſentée à lui ſans déguiſement.

Mais l’expérience de ſa propre foibleſſe lui aiant perſuadé y que Dieu, qui donne gratuitement la connoiſſance des Véritez ſurnaturelles par la révélation, ne s’engage pas toujours à récompenſer de la même manière les travaux que l’on eſſuie dans la recherche des Véritez naturelles : il a cru ſatiſfaire au moins de ſa fidélité & de ſa persévérance. Une Maîtreſſe telle que la Vérité ne pouvoit être mieux ſervie au’avec ces deux qualitez, ſur tout lorſque l’on conſidére que M. Deſcartes joignoit les ſentimens du cœur avec les raiſonnemens de l’eſprit pour la reconnoître.

Ce ſont là, MONSEIGNEUR, les motifs de la confiance avec laquelle j’ay eſpéré que Vous voudriez bien honorer de votre protection l’hiſtoire d’un homme qui a procuré à la France la gloire d’avoir produit le chef de la Philoſophie nouvelle, ou le reſtaurateur de celle que les Anciens cultivoient, avant que les Grecs l’euſſent embarraſſée de la diverſité de leurs opinions. J’oſe me flater que Vôtre Grandeur ne le trouvera pas entièrement indigne d’elle, ſoit par la vue des grandes relations de la Juſtice avec la Vérité, ſoit même par la conſidération de la famille de ce célèbre Philoſophe, dont les parens ont été depuis plus d’un ſiécle l’ornement de l’un des principaux Parlemens du Royaume. C’eſt à la connoiſſance que vous avez euë de de leur application à leurs devoirs, qu’ils ſont redeva-