Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/167

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Pour mieux entrer dans l’intelligence des affaires des uns et des autres, il faut sçavoir quelque chose des troubles survenus en Hongie peu de têms aprés la naissance de ceux de Bohéme. Betlen Gabor ou Gabriel Bethlem, hongrois d’origine, grec de religion, s’étoit emparé de la principauté de Transilvanie, dont il avoit dépouillé Batori par l’assistance des turcs. Pour pouvoir jouïr de son usurpation avec plus d’assurance et de repos, il avoit fait avec l’Empereur Mathias en 1615 un traitté de paix, où lui et les etats de Transilvanie reconnoissoient cét empereur pour légitime roy de Hongrie, et promettoient de l’assister en toutes choses, lui et ses successeurs au royaume de Hongrie. Il avoit passé un autre traitté tout semblable l’an 1619 avec Ferdinand légitime successeur de Mathias. Mais ayant oublié tous ses sermens quelques mois aprés, il ne fit pas difficulté de prendre sous sa protection les séditieux et les mécontens de Hongrie. Il fit plus, car s’étant assuré de la faveur du grand seigneur, dont il étoit vassal, et ayant fait une ligue offensive et défensive avec les directeurs de Bohéme, c’est-à-dire, avec les rebelles qui avoient élû le palatin pour leur roy, il entra sur la fin du mois d’août 1619 dans la haute Hongrie avec une grosse armée : et prit la ville de Cassovie le cinquiéme de septembre. L’épouvante y fut si grande que la plûpart des villes lui apportérent les clefs : et les etats de la haute Hongrie se mirent sous sa puissance, à condition qu’il les maintiendroit dans leurs priviléges. Au mois d’octobre il fit avancer son armée vers Presbourg, et envoya dix mille transilvains au Comte De La Tour général des troupes rebelles de Bohéme. Il obligea la ville de Presbourg de se rendre par une capitulation signée le 20 d’octobre ; se fit déclarer Prince De Hongrie par les grands du royaume ; et permit la liberté de religion par tout. Au commençement de l’année 1620, furent dressez les articles d’une confédération entre luy, les etats de Hongrie et de Transilvanie d’une part, et l’electeur palatin, les etats de Bohéme et des provinces incorporées, de l’autre. Ils furent arrêtez le troisiéme janvier au château de Prague, signez à Presbourg le 15 du même mois ; et ratifiez à Prague le 15 d’avril suivant. Dans le même têms l’empereur qui tachoit d’épargner le sang des hongrois