Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il fit remettre entre les mains de sa sainteté la Valteline et tous les forts que les françois avoient pris ; la seconde, que par son moyen les grisons fussent privez de leur souveraineté sur la Valteline. Le roy ayant été averti de ces projets, manda à M De Béthune son ambassadeur à Rome, que cette légation ne luy seroit pas agréable. C’est ce qui obligea le pape de faire prendre à son neveu des mesures plus convenables aux dispositions de la cour de France.

M Descartes crut qu’il étoit bien-séant à un gentilhomme françois d’aller rendre des civilitez à un cardinal neveu, destiné pour faire dans son pays une fonction aussi importante qu’étoit cette légation.

Le cardinal les reçut avec les démonstrations de bienveillance, et les offres de service que son honnêteté particuliére luy faisoit avancer pour ceux qui l’abordoient. Mais parce qu’il étoit amateur des sciences, et protecteur de ceux qui en faisoient profession, il ne tint pas M Descartes quitte de ses devoirs pour une visite ou deux, et pour des complimens superficiels. Il le goûta si bien, qu’il voulut l’honorer particuliérement de son amitié : et M Descartes de son côté n’oublia pas à son retour de continuer ses assiduitez auprés de luy pendant le peu de têms qu’il fût en France, et de luy donner dans tout le reste de sa vie des marques de sa reconnoissance, tant par les présens qu’il luy fit faire de ses livres, que par des témoignages de respects et de dévoüement qu’il luy fit présenter de têms en têms par le ministére de ses amis.

Le légat s’embarqua pour la France vers le commençement du mois d’avril, menant avec luy grand nombre de sçavans, parmi lesquels étoient le Cavalier Del Pozzo, Jérôme Aléandre, Jean Loüis Le Débonnaire beau-frére du jeune Barclay, Jean Baptiste Doni, Loüis Aubry Du Mesnil, et d’autres. M Descartes sortit de Rome vers le même têms, mais il voulut s’en retourner par terre pour ne pas perdre l’occasion de voir un païs qu’il étoit bien-aise de connoître. Il passa par la Toscane, et il vit peut-être la cour du grand Duc Ferdinand Ii qui étoit encore alors fort jeune et en minorité, et qui avoit succédé à son pére Cosme Ii l’an 1621.

Si nous en croyons le Sieur Borel, il ne nous sera point permis de douter qu’il ait rendu visite aux personnes du pays qui étoient