Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/286

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de l’amitié qu’il avoit pour lui. Il voulut bien excuser ses imperfections sur le défaut d’éducation et le peu de politesse qu’il avoit toûjours remarqué en lui ; et lui conserver son amitié sous les mêmes conditions qu’auparavant. Mais leur commerce de lettres et de nouvelles ne recommença point si-tôt : de sorte que M Descartes fut quelque têms dans la pensée qu’il ne lui écriroit plus de sa vie.


Le Pére Mersenne avoit passé la plus grande partie de l’hiver en Hollande, où il avoit eu le loisir d’entretenir M Descartes, et de joüir de sa présence dans Amsterdam, comme il auroit pû faire dans Paris.

Il n’y eut point de ville, point de lieu tant soit peu considérable dans toutes les provinces-unies, qu’il ne fût bien-aise de parcourir ; et il ne fit point difficulté de contracter amitié avec les sçavans et les curieux du païs qu’il pût connoître, sans s’arrêter à la diversité des religions. Vers le commencement du printêms il revint dans les Païs-Bas de la domination espagnole, et il apporta autant de curiosité à visiter les provinces catholiques, qu’il avoit fait à l’égard de la Hollande. Mais lorsqu’il fut arrivé à Anvers, il y trouva des gens qui avoient appris une partie de ce qu’il avoit fait en Hollande, et qui pensérent lui susciter des affaires à ce sujet. Il paroît que ses confréres sur tout, et quelques autres catholiques scrupuleux voulurent lui faire un crime du danger où il avoit exposé la sainteté de sa robe, et des démonstrations d’amitié qu’il avoit données et reçûës de plusieurs hérétiques couverts du manteau de sçavans. Ce pauvre pére prit cet accident pour une mauvaise