Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/303

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occident ne pouvoient résoudre. Dans cette résolution il suivit l’ambassadeur de France jusqu’à Constantinople, d’où aprés diverses conférences qu’il eut avec les juifs sur le texte de l’ecriture, il passa au mont Liban l’année suivante. Il y demeura jusqu’à la mort dans les éxercices d’une vie austére et pénitente, et se sanctifia dans une solitude exquise, qui ne put être altérée, ni par les sollicitations du monde, ni par les mouvemens intérieurs de ses passions, ni par les pratiques de l’ennemi de nôtre salut.

La solitude de Monsieur Descartes n’étoit point de la même nature : et il ne nous appartient pas de vouloir pénétrer dans les desseins de Dieu, qui fait toujours reconnoître la sagesse de sa providence dans la diversité des routes par lesquelles il conduit les hommes à leur fin. Il semble qu’elle ait été interrompuë cette même année par le voyage d’Angleterre, qu’il n’avoit pû faire l’année précédente selon les prémiéres mesures qu’il en avoit prises.

Nous avons vû qu’il s’étoit préparé à ce voyage dés le mois de mars de l’an 1630 dans le dessein de s’embarquer au mois d’avril suivant. Les difficultez qui lui survinrent alors le conduisirent jusqu’au mois de décembre, où il fit connoître qu’il n’en avoit pas encore perdu le dessein : et il est trés-probable qu’il attendit à l’éxécuter dans le printêms ou dans l’eté de l’année suivante. L’incertitude du têms auquel il faudroit placer ce voyage n’est pas une raison suffisante pour nous porter à nier qu’il l’ait fait.

La maniére dont il parla neuf ans aprés de la ville de Londres, et de quelques observations qu’il sembloit avoir faites dans le voisinage de cette ville, ne nous permet presque pas de le révoquer en doute. Voici comme il s’en expliqua pour lors au P Mersenne, qui lui avoit envoyé l’observation des déclinaisons de l’ayman qui varient en Angleterre, par une lettre du quatriéme jour de mars de l’an 1640. Comme je ne crois pas, dit-il, que les déclinaisons de l’ayman viennent d’ailleurs que des inégalitez de la terre, aussi ne crois-je point que la variation de ces déclinaisons ait une autre cause que les altérations qui se font dans la masse de la terre ; soit que la mer gagne d’un côté et perde de l’autre, comme on void à l’œil qu’elle fait dans ce pays ; soit qu’il s’engendre d’un côté des