Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/345

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Depuis la condamnation de Galilée il avoit achevé et revû son traité des lunettes, qu’il avoit eu dessein d’incorporer à son monde avant cét accident. Mais depuis son retour à Amsterdam, il considéra que ce petit traité n’avoit rien de commun avec les raisons qui l’obligeoient de supprimer son ouvrage. Ce fut ce qui le porta à l’en détacher dans le dessein de le faire imprimer à part. Je ne sçay s’il se présenta quelque nouvel obstacle à l’éxécution de ce dessein : mais il paroît qu’ayant appris qu’un de ses amis travailloit sur le même sujet, il lui envoya la partie de ce traité qui regardoit particuliérement la pratique ; et que ce qui pouvoit luy être resté s’est trouvé fondu depuis dans sa dioptrique.

Ce fut vers la fin de cette année que Monsieur Descartes perdit le plus ancien des amis qu’il eût acquis dans la Hollande en la personne du Sieur Isaac Beeckman principal du collége de Dordrecht. Il s’étoit rendu habile dans la musique et dans les autres parties des mathématiques, particuliérement depuis l’aventure de Breda, qui lui avoit procuré dix-neuf ans auparavant la connoissance et l’amitié de M Descartes. Il paroît que son sçavoir l’avoit fait distinguer parmi les habiles gens de sa province, puisque les étrangers qui y voyageoient le mettoient au nombre de ceux qu’ils devoient visiter. La mort enleva encore vers le même têms deux autres mathématiciens assez célébres, mais qui étoient de l’Allemagne. Le prémier étoit Daniel Schwenter de Nuremberg âgé pour lors de cinquante années, professeur dans l’université d’Altorf, dont nous avons une géométrie pratique, et quelques autres ouvrages mêlez de physique et de mathématique. L’autre étoit Guillaume Schickard de Hernberg en Soüabe et professeur à Tubingue, qui avoit des habitudes particuliéres avec Monsieur Gassendi, principalement pour des observations astronomiques. Nous ne voyons pas que M Descartes eût de grandes relations avec luy, quoi qu’il ne fût inconnu à aucun des habiles mathématiciens de l’Europe. C’est lui qu’il allégue au dernier discours de ses météores sous le nom général de mathématicien de Tubingue