Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/404

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de les mieux digérer que les précedens. Autrement, vous m’obligeriez de ne point prendre la peine de me les addresser. Car entre nous, si, lorsqu’il voudra me faire l’honneur de me proposer des objections, il ne veut pas se donner plus de peine qu’il a pris la prémiére fois, j’aurois honte de me voir réduit à la peine de répondre à si peu de chose ; et d’un autre côté je ne m’en pourrois honnêtement dispenser, lorsqu’on sçauroit que vous me les auriez envoyées. Je seray bien aise que ceux qui me voudront faire des objections ne se hâtent point, et qu’ils tâchent d’entendre tout ce que j’ay écrit avant que de juger d’une partie. Car le tout se tient, et la fin sert à prouver le commencement. Mais je me promets que vous continuerez toujours à me mander franchement ce qui se dira de moy, soit en bien, soit en mal. Au reste chacun sçachant que vous me faites la faveur de m’aimer comme vous faites ; on ne dit rien de moy en vôtre présence qu’on ne présuppose que vous m’en avertissez : et ainsi vous ne pouvez plus vous en abstenir sans me faire tort.

Quelques defauts que M Descartes trouvât pour lors dans les prémiers écrits de M De Fermat, il ne laissoit pas d’y appercevoir déja des marques de l’habileté de cét illustre inconnu : et l’estime qu’il conçût pour son mérite s’accrut à mesure que leur dispute augmenta. Il se croyoit encore alors dispensé des égards et des ménagemens qu’il auroit fallu prendre s’ils se fussent connus, ou s’ils se fussent écrit immédiatement l’un à l’autre. C’est ce que M De Fermat fut obligé d’excuser dans la suite, lorsqu’ils en vinrent à des éclaircissemens sur leur conduite de part et d’autre.

Pendant que M De Fermat au milieu des occupations du palais et de ses affaires domestiques s’appliquoit à faire une replique à la réponse que M Descartes avoit faite à ses objections sur la dioptrique, le P Mersenne reçût les remarques de M Descartes sur le traité de maximis et minimis . Mais au lieu de l’envoyer droit à M De Fermat suivant l’intention de M Descartes qui l’en avoit prié depuis qu’il eût appris que ce traité étoit de luy, il jugea à propos de les faire voir à deux des amis particuliers de M De Fermat, qui étoient à Paris. L’un étoit M Pascal président en la cour des aydes d’Auvergne, l’autre étoit Monsieur De Roberval professeur des mathématiques