Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/464

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Les plus habiles se plaignirent de la briéveté de cét écrit : et M Descartes prenant la défense de l’auteur, crut leur donner satisfaction, en leur représentant que ce n’étoit pas un commentaire mais une introduction. Nous devons croire que ce fût plûtôt la vûë de cét écrit que la mauvaise disposition de ses envieux qui l’a empêché de raccommoder sa géométrie, comme il témoignoit avoir eu dessein de faire en faveur du commun des lecteurs, pour la rendre plus proportionnée à leur intelligence. Quant à l’introduction, nous ne voyons pas qu’on en ait tiré d’autres copies que manuscrites. C’est peut-être ce qui porta le Sieur Bartolin à en publier une autre de sa composition, dans laquelle il s’est étudié principalement à applanir les difficultez qu’y fait naître l’algébre, dont M Descartes a fait la clef de sa géométrie.

C’est encore à l’année 1638 que le public est redevable des excellentes notes que Monsieur De Beaune conseiller au présidial de Blois fit sur la géométrie de M Descartes. M De Beaune ne voyoit personne devant luy sur les rangs pour les mathématiques ; et il se trouvoit côte à côte de Méssieurs De Fermat, Mydorge, Hardy, De Roberval, et des autres géométres qui passoient pour les prémiers du siécle. C’est ce qui donna un nouvel éclat au traité de M Descartes, et qui en augmenta merveilleusement la considération auprés de ceux, ou qui ne pouvoient l’entendre, ou qui ne la pouvoient estimer son prix par eux-mêmes.

M De Beaune envoya ses notes à M Descartes vers la fin de la même année. Il les lut avec une attention mêlée d’un plaisir indicible, qui augmenta jusqu’à la fin de la lecture, d’autant plus qu’il n’y rencontra rien qui ne se trouvât parfaitement conforme à sa pensée. C’est une des plus rares singularitez que l’on ait encore pû remarquer dans la republique des lettres, qui est remplie de commentateurs, de scholiastes et de traducteurs, mais qui à peine est en état d’en produire un de chaque espéce qui ait pû légitimement mériter jusqu’icy de la part de son auteur l’honneur que M De Beaune reçut de M Descartes en cette occasion. Il en écrivit au Pére Mersenne, pour luy témoigner la satisfaction qu’il avoit d’avoir trouvé enfin l’homme que la providence