Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/470

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aucune partie à des choses qui n’y servent point. Mais outre cela, pour ce qui est des nombres, je n’ay jamais prétendu y rien sçavoir ; et je m’y suis exercé si peu, que je puis dire avec vérité, qu’encore que j’aye appris autrefois la division et l’extraction de la racine quarrée, il y a toutefois plus de dix-huit ans que je ne les sçay plus : et si j’avois besoin de m’en servir, il faudroit que je les étudiasse dans quelque livre d’arithmétique, ou que je tâchasse de les inventer tout de même que si je ne les avois jamais sçûës.

Il tâcha de se défaire des autres avec la même honnêteté et sous de semblables prétextes ; de sorte qu’aprés avoir des-accoûtumé peu à peu ses principaux amis de luy proposer des problémes et des objections stériles, il se mit peu en peine de plaire ou de déplaire à ceux qui ne cherchoient qu’à se faire un nom auprés des habiles gens par un commerce de mathématique avec luy dont ils pussent se vanter. Ainsi las de porter la qualité onéreuse d’oracle, il se dispensa presque entiérement de répondre avant la fin de l’an 1638 ; et il se contenta de faire un triage des meilleures objections qui luy avoient été faites jusqu’alors, et des plus beaux problémes qui luy avoient été proposez pour les faire imprimer avec ses réponses, quand il plairoit à celuy à qui il appartient de disposer de toutes choses.