Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/76

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Je sçai qu’il en est presque des philosophes comme des saints de l’eglise de Dieu : et que les uns non plus que les autres n’ont souvent rien à emprunter de leur famille. On peut dire même que les personnes du siecle qui reçoivent quelque lustre de leur naissance, n’ont qu’un merite assez mediocre, lorsqu’elles sont obligées de recourir à celuy de leurs parens et de leurs ancêtres, pour en tirer quelque avantage.

J’avouë que ce n’est pas traiter M Descartes en philosophe que de parler de la noblesse de son sang, et de l’antiquité de sa race : et que ceux qui font profession de mépriser ces considerations trouveront peut-être que sa naissance pour être un peu trop illustre l’a éloigné de la philosophie d’un degré plus qu’elle n’auroit fait, si elle avoit eu la mediocrité de celle de M Gassendi, ou les défauts de celle du celebre Galilée.

Ce n’est donc pas pour rien ajoûter au merite, où à la reputation de M Descartes que je veux parler de son extraction, puisqu’à toute rigueur il n’en a point reçu plus que M Gassendi, ou Galilée en auroient pû recevoir de la leur. Mais c’est pour faire voir que la gloire que ses ancêtres ont pû meriter dans les armées, et dans les cours souveraines n’empêche pas qu’ils n’en aient reçu une toute nouvelle de nôtre philosophe par un effet du retour que la retroaction est capable de produire.

La vie est un present de la nature assez considerable pour ne pas negliger de sçavoir à qui l’on en est redevable : et j’ay lieu d’esperer que ceux à qui celle de M Descartes ne sera point entierement indifferente, me sçauront gré de leur avoir fait connoître les personnes dont la providence a voulu employer le ministere pour la production de ce philosophe.

Je sçai qu’il en est presque des philosophes comme des saints de l’eglise de Dieu : et que les uns non plus que les autres n’ont souvent rien à emprunter de leur famille. On peut dire même que les personnes du siecle qui reçoivent quelque lustre de leur naissance, n’ont qu’un merite assez mediocre, lorsqu’elles sont obligées de recourir à celuy de leurs parens et de leurs ancêtres, pour en tirer quelque avantage.

J’avouë que ce n’est pas traiter M Descartes en philosophe que de parler de la noblesse de son sang, et de l’antiquité de sa race : et que ceux qui font profession de mépriser ces considerations trouveront peut-être que sa naissance pour être un peu trop illustre l’a éloigné de la philosophie d’un degré plus qu’elle n’auroit fait, si elle avoit eu la mediocrité de celle de M Gassendi, ou les défauts de celle du celebre Galilée.

Ce n’est donc pas pour rien ajoûter au merite, ou à la reputation de M Descartes que je veux parler de son extraction, puisqu’à toute rigueur il n’en a point reçu plus que M Gassendi, ou Galilée en auroient pû recevoir de la leur. Mais c’est pour faire voir que la gloire que ses ancêtres ont pû meriter dans les armées, et dans les cours souveraines n’empêche pas qu’ils n’en aient reçu une toute nouvelle de nôtre philosophe par un effet du retour que la retroaction est capable de produire.

Monsieur Descartes étoit sorti d’une maison qui avoit été considerée jusqu’alors comme l’une des plus nobles, des plus anciennes et des mieux appuyées de la Touraine. Elle s’étoit même beaucoup étenduë dans la province de Poictou, et elle avoit poussé ses branches jusqu’en Berry, en Anjou et en Bretagne par le moien des belles alliances qu’elle y avoit contractées.

Il étoit fils de Messire Joachim Descartes qui eut pour pere Pierre Descartes, et pour mere Claude Ferrand sœur d’Antoine Ferrand premier lieutenant particulier au Châtelet de Paris, et de Michel Ferrand qui fut pere de Monsieur Ferrand doyen du parlement de Paris. Pierre Descartes n’eut point d’autre enfant que Joachim. C’étoit un gentilhomme aisé qui s’étoit retiré de bonne heure du service et des emplois pour goûter plus long-temps les fruits du repos qu’il i