Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/84

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et que l’Angleterre perdit son Amiral Drack au milieu des prospéritez dont elle joüissoit sous la Reine Elisabeth qui étoit à la trente-neuviéme année de son regne.

L’etat de la république des lettres n’étoit ni trop florissant, ni trop déchu au temps de la naissance de M Descartes.

la grammaire, et les humanitez étoient encore traitées avec beaucoup d’honneur par Sanctius en Espagne, par Sylburge en Allemagne, qui mourut cette année, et par Passerat en France. On peut y ajoûter Scioppius, qui tout jeune qu’il étoit, brilloit déja parmi les grammairiens et les humanistes du prémier ordre.

La poësie avoit reçu un grand échec à la mort du Tasse, qui étoit arrivée l’année précédente, et ne se soûtenant plus qu’assez foiblement en Italie dans la personne du Guarini, et de quelques jeunes poëtes, elle se polissoit peu à peu en France par les soins de Malherbe.

la critique, et la philologie étoient dignement exercées par Lipse, par Jos Scaliger, par Casaubon, par Nic Le Fevre, et par le Pere Sirmond, qui commençoit déja à se distinguer.

Pour ce qui regarde l’eloquence , on peut dire qu’elle avoit eu beaucoup de peine à revivre aprés la mort de Perpignan, de Muret, et de Benci, qui n’étoit mort que depuis deux ans. On n’en voyoit plus que l’ombre dans le barreau, la chaire et l’ecole : mais l’avocat general Marion, et Du Vair le garde des sceaux la maintenoient en France avec autant de force et de majesté que leur siecle en pouvoit souffrir.

La philosophie ancienne, et particulierement celle d’Aristote se trouvoit alors rudement attaquée par François Patricius qui ne survêquit que d’un an à la naissance de M Descartes : et le chancelier Bacon jettoit déja les fondemens de la nouvelle philosophie.

Les mathematiques se trouvoient en assez bon état entre les mains de ceux qui travailloient alors à les perfectionner. La geométrie étoit assez heureusement cultivée par Clavius à Rome, mais mieux encore par Monsieur Viéte en France. l’astronomie par Tycho-Brahé et son disciple Kepler, par le landgrave de Hesse Guillaume, et ceux