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LA DUPE[1]

(Fragment)


Avec de fades Juvenilia (Sonnets macabres, Invocations et Blasphèmes, Au Jour le Jour, L’autre Évangile) que je présenterai aux lecteurs d’un prochain Cahier, Baillon laisse, en 1932, trois importants inédits : le roman qui fait l’objet de cette préface, La Dupe ; une étrange et audacieuse nouvelle, Le Pénitent exaspéré ; et, sur le modèle d’En Sabots, un recueil d’images des années de Marly, Pommes de Pin. De toutes les œuvres précitées, seule, la dernière a été publiée ; celle qui nous occupe verra le jour très prochainement ; les autres attendent le bon vouloir des éditeurs.

On chuchote que La Dupe porte des marques évidentes de sénilité : ce jugement sommaire n’est heureusement pas fondé ! Au simple lecteur comme au critique, ces pages, qui terminent la narration des souvenirs de jeunesse, réservent d’agréables surprises. Pour justifier les apparentes redites qui semblent entraver la marche du récit, il convient de préciser que la composition de cet inédit est antérieure au Neveu de Mademoiselle Autorité et à Roseau. La relation des incidents qui suivent la mort de la mère de Daniel Hauduin (Henry Boulant), et précèdent le départ pour l’Université, n’est pas, comme dans Roseau, un scrupuleux rappel. Serpent qui se mord la queue, La Dupe, premier écrit sérieux d’André Baillon, marque le commencement et la fin d’une carrière.

Amorcé à Forest vers 1897, « au lendemain d’une fugue dont d’autres ne se seraient jamais relevés », relégué au fond d’une malle pendant une dizaine d’années, ce texte est remanié et complété à Bruxelles et à Boendael sur les instances de Germaine Lievens. Dès lors, Baillon écrit d’arrache-pied : Le Pénitent exaspéré, Histoire d’une Marie, Moi quelque part, Zonzon Pépette. En 1919, Georges Eekhoud présente magistralement son quatrième ouvrage — et non le premier, comme on l’affirme à tort : peu après, Charles Vildrac préface le précédent. Unanime, la critique salue en Baillon un écrivain de race.

Ainsi, l’obscur petit bouquin de la vingt-deuxième année

  1. Œuvre inédite d’André Baillon.