Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/101

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cette poussée enflait à éclater. À partir du cinquième jour le père Benoît se mit à geindre, ne sachant pas où il avait le plus mal : si c’était au mollet, ou dans le pied, ou dans le genou ou même, par moments, dans la tête où le vent était remonté et frappait de gros coups.

Le huitième jour finit par arriver quand même. On n’attendit pas le soir, on enleva l’emplâtre, on regarda. Comme le berger l’avait dit, le vent s’était ouvert un trou. Seulement la jambe était le double de ce qu’elle aurait dû être et de plus, oulla ! oulla ! quand on l’eut lavée à l’eau froide, elle n’était même plus rouge ; elle était bleue.

Cette fois, malgré l’argent que cela coûterait, qu’il le voulût ou non, sa femme fit venir le médecin. Les médecins disent ce qu’ils veulent, et les femmes sont toutes les mêmes. À peine la sienne lui eut-elle versé la première cuillerée de sa drogue, que le père Benoît qu’on avait mis au lit, perdit l’envie de manger, perdit l’envie de dormir, ne demanda qu’à boire et sa jambe devint si raide que la raideur en passa dans le corps qui ne put plus bouger. Oulla ! oulla ! le père Benoît crut bien qu’il finirait par mourir. Mais sa santé était plus forte que