Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/100

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sans y toucher. Au bout de ce temps, l’emplâtre aurait sucé le vent.

Les remèdes que l’on vous prescrit, ne sont vraiment des remèdes que si l’on supporte, en même temps que leur gêne, les souffrances qu’ils vous donnent. Le père Benoît rentra content. Il mit son emplâtre. Il eut bien mal. Il en eut, si l’on peut dire, pour ses deux francs. Voici comment les choses se passèrent. Le premier jour, en flairant l’air, il dut se répéter :

— Eh non ! je n’ai pas été à l’étable.

Mais à part l’incommodité de l’odeur, la douleur ne fut pas plus grande, ni moindre qu’auparavant. Le vent sans-doute, se tenait coi dans son coin. Le deuxième jour, l’odeur avait disparu, ou peut-être on ne la remarquait plus. La douleur resta la même. Le troisième jour, le vent commença à se remuer dans la jambe. En plus du mal ordinaire, il y eut des picotements du côté du mollet. Vers la soirée, il s’y ajouta de la brûlure. Le quatrième jour, le père Benoît dut se tenir à quatre pour ne pas lancer son emplâtre à tous les diables. Non seulement cela picotait et brûlait, mais on aurait dit que ce méchant vent, à l’étroit sous sa bouse, se tortillait pour sortir et que la jambe sous