Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/116

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C’est un bruit qui court. Elles ont changé bien avant. Elles ont changé de tout temps. Je m’en rendis compte dès la gare. Un brave petit hôtel que je connaissais là, avait grandi et s’appelait Palace. Les femmes dont je me rappelais les silhouettes longues et fines, tiens ! un peu ce qu’elles sont redevenues à présent, avaient grossi. Elles se tassaient sous des chapeaux de poids ; elles portaient autour du corps tout un attirail de nœuds de cordes, bien commodes si elles avaient été des paniers. Quant aux fiacres, il n’y avait plus que ces machines que je considérais encore comme un phénomène désagréable : des autos, des autos, des autos. Décidément oui ! la vie avait marché. Le retardataire, c’était moi.

Pourtant quand j’ouvris mon journal, je vis avec plaisir que l’on parlait encore d’une fillette dont on recherchait le satyre. Mais je dus me rendre à l’évidence : ce n’était plus le mien. Par contre, il était beaucoup question de sport : courses cyclistes, records d’automobile, meeting d’aviation. Moi qui en étais resté à mes humbles petites dépêches : Poursuivant ses essais, Santos Dumont a réussi un vol remarquable de 2 mètres en 45 secondes.