Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/118

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Mais c’était nécessaire. Sinon tu ne comprendrais mon histoire. Elle s’est passée en 1907, 1908 ; oui, par là. Cette année-là, si tu t’en souviens, un journal organisa un grand concours d’aviation : le premier de ce genre. Cela s’appelait le circuit d’Europe. Circuit d’Europe, c’était beaucoup dire : départ de Paris, escale à Reims, la Belgique, la Hollande, traversée de la Manche vers l’Angleterre, retour à Paris.

À présent, un apprenti en ferait davantage. Pour l’époque, ce n’était pas mal. C’était même fort bien, si tu penses qu’à part Blériot et peut-être un autre, personne ne s’était risqué au-dessus du détroit. Comme de juste, au dire du journal, ce concours qui comportait un nombre considérable de prix, était organisé « pour encourager une industrie naissante ». Il devait de surcroît faire entrer beaucoup d’argent dans sa caisse. Comme de juste aussi, les feuilles concurrentes ne l’entendirent pas ainsi, ou du moins se préparèrent à attraper quelques bons morceaux : les chacals, pendant que le lion dîne. Quinze jours d’avance, notre journal ouvrit une campagne tapageuse. Articles de première page, portraits des aviateurs, biographie, performances, promesses d’une information « probe,