Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/119

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intensive et rapide », tu vois cela d’ici. Nous étions sur les dents. Le moment venu, les patrons nous réunirent pour les dernières instructions. Un tel irait au départ, un tel à l’étape, tel et tel autre à certains endroits où des incidents étaient possibles. On leur remit à chacun un code télégraphique. Tu sais ce que c’est. Un des directeurs l’avait mûrement combiné. Chaque concurrent était représenté par une lettre A. B. C… À cette lettre, on accolerait des chiffres qui avaient leur sens. Ainsi 51 signifiait faire son plein d’essence ; 55, il brise son aile ; 50, il se casse la jambe ; 76, mort. On avait tout prévu.

Quant à moi, ma mission était simple. Je restais à la rédaction ; je centraliserais les dépêches, les déchiffrerais, les transcrirais en clair :

— Et naturellement, vous les animerez un peu. J’avoue que j’eus un scrupule. Ce n’était certes pas la première fois que j’écrivais des papiers sur des sujets que je ne connaissais pas. Ainsi, il m’était arrivé de mener une enquête sur une grosse affaire d’Afrique et je te jure que je ne me suis jamais coiffé d’un casque colonial, même en rêve. Ici, c’était plus délicat. Un pigeon qui se pose sur une branche, un épervier qui plane au-dessus d’une mare, en fait d’atter-