Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/148

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Eh bien ! non, Madame ! Vos pistaches, votre angélique, votre framboise, je ne dis pas, sont excellentes. La petite boule, au-dessus, je veux bien le croire, n’est pas du sang. Tout de même je ne tremperai pas le plus petit bout de ma cuiller dans votre bombe glacée. Et s’il me plaît de rafraîchir ma bouche, je connais dans la rue certaines charrettes de crème à la glace où je trouverai peut-être un peu de poussière au lieu de vanille, mais qui n’aura du moins pas un arrière-goût de souffrance, comme toutes ces bonnes choses qui font de leur poire sur votre table, entre vos cristaux à facettes et vos couverts d’argent…

Après cette lettre, je ne revis plus mon bonhomme. Du temps passa. Un jour, je rencontrai une de ses connaissances.

— Et Un Tel, demandai-je, que devient-il ?

— Un Tel ? Alors vous ne savez pas ?

Il me raconta une histoire où il était question d’inadaptation sociale, de délires, d’infirmerie du dépôt, d’autre chose du même genre.

— Au fond, dis-je, il fallait s’y attendre.

— Oui, fut la réponse. Déjà Don Quichotte n’était plus de son temps.