Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/147

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sième, il devait s’être produit quelque chose, car il y avait là beaucoup de gens qui regardaient.

Mon Dieu, Madame, quand un peintre dessine une foule de badauds, il campe, au premier plan, un petit mitron. Cela fait bien ; cela donne une note de vérité ; on se dit : « Il est drôle le petit mitron ; » on pense : « Ces petits mitrons, on voit bien, ils n’ont jamais grand’chose à faire. » Mais sait-on toujours pourquoi les petits mitrons s’arrêtent lorsqu’il y a des badauds qui regardent ?

Celui-ci, quand il eut bien soufflé, qu’après le front il se fut essuyé le reste de la figure, se remit à faire ses petits pas ; il suivit des rues, puis des rues ; et, finalement, entra dans une maison, car je ne l’aperçus plus.

Ma foi, tout le monde ne loge pas au rez-de-chaussée, ni au premier étage, ni même au deuxième. Sans doute, le petit mitron eut-il à gravir beaucoup de marches. Il arriva enfin devant une porte, trempé, fatigué, hors d’haleine, tenez, Madame, comme celui qui sonne, en cet instant, à la vôtre, qui vous amène une bombe et que votre servante va gronder parce qu’il est en retard, ce qui la dispensera de lui donner dix sous…