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une dame. Puis ce fut au tour d’un monsieur… Le receveur eut ainsi le temps de s’assurer que les voyageurs étaient montés. Il ne restait que le Boche. Il sonna pour qu’on partît sans l’attendre. Le bougre en s’accrochant eut de la chance s’il ne se cassa pas la figure.

— Dommage, minauda la dame.

— On n’en tuera jamais assez, grinça le monsieur.

Le Boche sans doute ne comprit pas, ou préféra ne pas comprendre.

Ach ! il y était quand même. Il eut autour de lui ce petit regard des gens qui sont malheureux et voudraient bien qu’on leur donne un sourire. Puis il dut pousser un peu, parce qu’au bout de la plateforme, il voyait une bonne place et qu’au lieu de sourire, les autres s’arrangeaient pour ne pas le laisser passer.

Avec un peu de patience, on arrive à bout de tout. Il déposa son fusil, jeta là ses ballots, commença son petit manège de soldat qui a une minute de répit : soulever son casque, s’aérer le front, penser aux siens, pousser un soupir, au bout du compte s’offrir un cigare qui console.

Ach ! où avait-il mis ses allumettes ?