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des marmites, des ridicules marmites où ces gens cuisaient leur soupe ; des charrettes. Quelles charrettes bon Dieu ! Des hommes esquintés qui dormaient dans le foin. Des roues grêles comme des pattes d’araignée. Cette armée dérisoire débouchait d’un boulevard qui se nomme le boulevard Léopold II, remontait la pente d’un boulevard qui est le boulevard Botanique, puis disparut à droite dans une belle rue qui est la rue Royale.

On crut que c’était tout. Oui mais voilà qu’au bout du boulevard Léopold II, un nuage de poussière monta. D’autres soldats arrivaient. Bientôt ils défilèrent. Ils étaient encore en jaune. Ils avaient encore leur figure de singe et ces semelles à clous sur lesquelles ils n’iraient pas loin. Mais quand on en eut vu mille, on en vit un autre mille, puis un nouveau mille. D’où sortaient-ils ? Il y en avait, il y en avait !

Comme les premiers, ils descendirent le boulevard Léopold II, remontèrent le boulevard Botanique, obliquèrent à droite vers la rue Royale. Mais la tête là-haut était déjà loin qu’on ne voyait pas la queue à l’autre bout. Et quand ce fut fini avec les soldats jaunes, cela reprit avec des soldats noirs. Puis des gris.