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— Deux kilos de cannelle, commanda Ma Nounouche.

Le brave homme ouvrit les yeux que peut ouvrir un épicier qui, pour la première fois, pèse, d’un seul coup, pour une cliente, deux kilos de cannelle :

— Voilà, madame.

Ma Nounouche rentra très chargée.

Je dois l’avouer : ses achats ne furent pas accueillis aussi bien qu’elle aurait pu l’espérer. Pour le riz, pour le café, bon, cela pouvait aller. Pour le jambon, je fis la grimace. Une fois entamé, cela nous représentait beaucoup de dîners au jambon ! Et pour les deux cents sardines, la boîte ouverte, hein ? pendant combien de jours serions-nous forcés de nous gorger de cette huile mélangée de sardines ?

Quand je vis la cannelle, je devins tout à fait furieux :

— Voyons, c’est idiot. Avec l’argent de la cannelle, tu aurais pu acheter d’autres haricots. On achète cent grammes de cannelle ; cent cinquante grammes de cannelle. Mais deux kilos ! Nous en aurons pour cent ans !

— Tu as raison, dit avec douceur Ma Nounouche. J’avais cru bien faire.