Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/27

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vante ; ni, après elle, aucune autre personne de la ville.

Elle avait réfléchi. Ses bras inutiles, elle tenait, du Bon Dieu, son corps. Elle s’était dit : « Comme le mal, quand on est mauvaise, on peut, si l’on est bonne, faire le bien partout. »

Ainsi, elle s’était mise à faire ça.

La maison se trouvait au bord de la rivière, près d’un pont. Toute la ville passait sur ce pont. Du dehors, on pouvait croire : c’est un petit café. On voyait une enseigne. Elle aurait aimé : À saint Joseph ou bien Au Grand Rosaire. Mais il y avait déjà : Au Bienvenu. Cela n’était pas mal, non plus. Elle n’avait pas ajouté son nom. Ceux qui venaient savaient : c’était chez Nelly, ou, comme on disait : chez Nelly Bottine, parce qu’on l’avait surprise en sabots, les premiers jours.

Ne vous imaginez pas : dans ces petites villes, le métier est aussi dur que dans les grandes.

On n’a pas ce qu’on appelle : la police des mœurs ; on a, tout de même, la police. Et puis, les habitants ! Il fallait voir ! Quand ils passaient près de sa maison, sur le pont, ils avaient l’air de marcher sur de l’ordure. Pour les dames, elle le comprenait encore. De l’argent, un mari, elles