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fussent perdus avec de méchantes femmes. Alors trouver, qui les console, une douce Nelly Bottine.

À l’instruction on leur disait : « Allez donc chez Nelly Bottine. » À la chambrée, ils rêvaient : « Demain, nous irons chez Nelly Bottine. »

Ils allaient. Ils arrivaient le soir ; parfois à un, parfois à deux, parfois à trois, même davantage :

— Bonsoir, Nelly Bottine.

Au premier entré elle disait : « Passe dans la chambre, c’est à toi. » Aux autres : « Asseyez-vous, mes petits, vous aurez votre tour. »

Elle faisait cela, sans beaucoup de manières, comme le Bon Dieu permet qu’on le fasse.

Parfois, les autres s’impatientaient et menaient du vacarme, comme au théâtre quand c’est trop long. Fi ! Ce n’était pas chez elle comme chez certaines ; elle ne voulait pas de bruit. Elle se relevait ; elle disait au camarade : « Attends une minute, je vais les gronder. » Elle se couvrait auparavant d’un châle pour ne pas se montrer en chemise. Ces grands gaillards ! elle en avait peur, mais elle n’en laissait rien voir. Droit dans les yeux, elle leur jetait :

— Mes petits, si vous n’êtes pas sages, je vous mettrai à la porte.

Manquer Nelly ! Ils auraient été bien punis.