Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il est probable que si la marchande en avait exigé deux francs ou même soixante-quinze centimes, ils auraient dit : « Ah ! non, Madame, gardez ça !… » Mais la brave femme était raisonnable. D’emblée elle ne demanda que dix sous, ils répondirent :

— Ça va, ma bonne dame !

C’était dans un petit pot, au bout d’une tige, cinq feuilles déchiquetées, avec une petite grappe qui plus tard, ouverte, serait une belle fleur rouge. Tout le monde sait que cela s’appelle un géranium.

Ils étaient deux : ils donnèrent, l’un d’un seul geste, une pièce de cinq sous ; l’autre, deux sous de sa poche et trois du fond de son gousset. C’était le compte.

Ils portaient de grands chapeaux pour recouvrir de longs cheveux ; ils montraient beaucoup de poils dans leur barbe. Ils avaient l’âge où, quand on est peintre, on peint, de tout son cœur, des machines que, lorsqu’on est riche, on ne paie pas de tout son or. L’or vient plus tard, quand, au lieu de son cœur, on a mis, si j’ose dire au bout du pinceau, un peu plus d’expé-