Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/39

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rience, trempée dans beaucoup plus de calculs.

En attendant, ils étaient jeunes et jouissaient de posséder, à eux deux, un pot de fleur. Ce qu’ils en feraient, ils ne le savaient pas au juste. Le premier avait une maîtresse : une maîtresse se contente parfois d’un pot de fleur… Le second avait une maman : c’est bon, une maman, de lui dire : « Tiens, maman, à nous deux nous t’offrons ce pot de fleur ». Ils pouvaient aussi l’installer dans leur atelier, en faire, en commun, une étude, peut-être en le posant sur le poêle, qui alors servirait à quelque chose.

Bref, ils verraient bien. Ce qui est sûr, c’est qu’ils avaient un pot de fleur ; il était à eux deux, ce pot de fleur ; et, sans compter sa future fleur, il s’épanouirait, pour eux, de la joie ou rouge, ou bleue, ou jaune, sur la tige de ce pot de fleur.

Ils ne pouvaient cependant, ce pot de fleur, le porter à deux. Celui qui le portait, le tenait sous le bras, avec prudence ; l’autre marchait de ce côté, de crainte qu’un coude ne frôlât en passant le précieux pot de fleur.

Ils suivirent plusieurs rues. Le premier qui tenait le pot de fleur, dit : « Jules, je vais bourrer ma pipe, prends le pot de fleur. » Et Jules répon-