Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/70

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Il n’est pas dit qu’elle fût bossue. Mais certainement elle était vieille. Quand elle voulait l’embrasser, Henry se détournait à cause des poils du menton qui piquaient. Ainsi, elle ne rencontrait que les cheveux. C’est elle qui s’occupait d’Henry.

Henry n’avait plus de papa. Plus de maman, non plus. Un orphelin, comme on dit. Une tante l’avait recueilli. Ça, c’était une bonne action. Oui ! mais cette accueillante personne était déjà fort absorbée à soigner ses migraines. Elle avait aussi fort affaire à rendre visite au bon Dieu que l’on trouve un peu partout dans les églises. De plus, elle était vieille demoiselle et si les vieilles demoiselles possèdent souvent un cœur d’or, celle-ci l’avait en diamant, très dur. Si bien qu’elle ne comprenait pas toujours ce qui se passait chez les petits enfants dont le cœur est en chair. Surtout quand elle se nouait autour du front un linge mouillé pour rafraîchir sa migraine.

Nanette au contraire devait être autre chose qu’une vieille demoiselle. À certains moments, on parlait d’elle et voilà qu’on disait : « Madame Ponot. » Elle-même, il lui arrivait