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de parler quelquefois. Elle disait : « Feu mes enfants… défunt mon mari, dont Dieu ait l’âme. » En disant cela, elle poussait un soupir amusant comme tout. Alors peut-être bien qu’elle était veuve. Oui c’est cela ! Veuve comme Henry était orphelin.

En été, quand il fait chaud, il ne se passait rien. En hiver, le matin elle entrait dans la chambre d’Henry. Il y avait des fleurs de glace sur les vitres :

— Coucou ! Lève-toi, petit.

— Déjà, Nanette ? Et tante ?

— La migraine… Lève-toi, petit.

— Il fait si froid, Nanette.

— Courage ! J’ai un bon feu à la cuisine.

Ses vêtements l’attendaient bien chauds.

Nanette s’entendait comme pas une à lui faire avaler son huile de foie de morue. C’est mauvais l’huile de foie de morue ! Cela remplace les baisers que l’on ne reçoit pas de sa tante.

— Eh non ! disait Nanette. C’est très bon… Regarde.

Elle s’en donnait une cuillerée.

— Hap !

— Si bon que ça, Nanette ? Alors prends encore une cuiller.