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qu’il était gros. On s’écarta, car il faut toujours ouvrir un passage à la justice. Quand il fut tout près, il regarda pourquoi tant de monde se trouvait rassemblé. Il constata : on avait brisé un réverbère ; on avait démoli des autos ; il y avait deux hommes par terre, ces hommes étaient morts.

Il tira son calepin, comme s’il voulait écrire un petit conte. Il demanda :

— Qui a fait ça ?

Il écouta le monsieur qui avait vu venir l’accident ; le voisin dont on aurait pu démolir la vitrine ; le monsieur dont cela fendait le cœur, le bougre qui, à cause de sa dent, supportait mal qu’on les laissât comme cela. Pour ce dernier, l’agent haussa les épaules. Il prit, d’ailleurs, son nom. Il chercha aussi le nom des chauffeurs, car on a beau être mort, on n’en reste pas moins responsable du bris d’un réverbère.

Ce qui survint alors ressemble en tout à ce qui arrive en ces sortes d’aventures. Peut-être à cause de l’agent, une ambulance arriva pour les morts, des camions s’amenèrent pour les autos, puis un petit bonhomme se présenta tout seul avec une brosse et balaya la place pour un nouvel accident. Un monsieur tira sa montre et cons-