Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/96

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Le père Benoît avait soixante-cinq ans. À cet âge, quand le mal vous prend, c’est dans la tête, ou dans les reins, ou encore dans l’estomac. Chez lui, ce fut moins grave : un petit rien dans le pouce de la main droite.

Il constata la chose un matin. En voulant le plier, le père Benoît fut bien obligé de se dire que ce pouce, au contraire, demeurait tout raide. Quelque chose comme un petit os l’empêchait de bouger. Bast ! un doigt raidi ne vous gêne pas pour travailler. On était à la fin de la récolte. Pendant toute la semaine, il engrangea son blé. Seulement le dimanche, comme il se trouvait à la chasse, il épaula son fusil après un lièvre et pan ! Le père Benoît qui, de sa vie, n’avait raté sa bête, venait de tirer un coup pour rien.

— Ce sacré doigt !

Un peu plus tard, de la phalange où le mal s’était tapi, il remonta dans la main et se logea entre les os du poignet. Cette main n’était pas morte puisqu’elle ressentait constamment une espèce de brûlure. Mais elle n’en valait pas mieux, D’ailleurs elle ne gênait pas trop.