Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/97

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La besogne qu’on ne réussit pas avec la main droite, on l’achève avec la gauche. Mais, après la moisson, ayant à guider la charrue pour labourer un champ, il eut besoin de ses deux mains en même temps. Oulla ! oulla ! il fit des efforts et, pour la première fois, le père Benoît qui dans sa vie n’avait tiré que des sillons bien droits, les avait tirés tout de travers.

— Ce sacré poignet !

L’été suivant, le mal qui pendant l’hiver n’avait pas quitté sa place, abandonna le poignet, descendit dans la main et sortit par le pouce. Parti ! Il ne laissa derrière lui qu’un peu de raideur.

Après cela, on aurait pu supposer qu’il ne reviendrait plus, ou reviendrait par où il était parti. Eh non ! Un matin, comme le père Benoît sortait du lit, cela se déclara par ailleurs. Ce fut dans la jambe et pas du côté droit comme pour la main, ce fut du côté gauche. Cette jambe devint un peu grosse, puis plus grosse, puis très grosse. Quand il l’étendait en restant assis, cela pouvait aller. Mais dès qu’il se levait, oulla ! oulla ! il n’avait pas assez de ses deux mains pour les porter à sa jambe, puis à ses reins, puis à ses côtes, tant ce mal était leste comme un mau-