Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Réveille-toi ! Tu as le cauchemar.

Le lendemain, pensant à son rêve, il regarda la chaise qui lui parut bien basse :

— Papa, mon cheval était bien haut comme cela.

Et il montra la table.

À l’école, il se confia à ses camarades : il irait en Provence, il verrait son Jeannot, il lui avait envoyé un cheval, mais un cheval !… Ces grands garçons ne comprirent pas pourquoi on faisait tant d’histoires pour un jouet qui n’était pas même un jouet mécanique. Ils lui poussèrent des colles :

— Ton cheval a-t-il un mors ?

Un mors ? Marcel n’y avait pas pris attention. Mais bien sûr, le cheval de Jeannot avait un mors.

— Alors, s’il a un mors, il a des brides ?

— Oui, des brides.

— Et, par conséquent, une selle ?

— Oui, une selle.

— Et donc des étriers ?

— Parfaitement, des étriers.

Ainsi le cheval de Jeannot, haut comme la table, devint un cheval tout harnaché.

Au bout de quinze jours on aurait pu lui répondre de Provence. On ne répondit rien. Son envoi sans doute n’était pas arrivé. Il écrivit trois lettres : une aux parents de