Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/101

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Jeannot, une aux Magasins, une à la compagnie des Chemins de fer. Dans chacune, il était question d’un cheval, fait comme ceci, harnaché comme cela, si beau, si grand, qu’il s’étonnait qu’on eût pu l’égarer.

Quand Marcel se mit en route, les réponses n’étaient pas arrivées.

Là-bas, ce qu’il constata d’abord, c’est que la culotte rouge de son Jeannot était verte et son béret à pompon, un chapeau de paille. Il constata aussi que sa tante, qu’il s’imaginait jeune et belle, montrait autant de rides que son vieil homme de mari. Quand elle l’eut embrassé, elle roula des yeux noirs :

— Tu as bien peiné Jeannot.

— Moi ?

— Oui. Tu annonces une surprise et rien ne vient : une vilaine plaisanterie.

— Ce n’est pas une plaisanterie : c’est un cheval, un très beau cheval. On verra bien.

Quand il sut qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, Jeannot se reprit à espérer et Marcel avec lui. Ils en parlaient le long du jour. Le cheval avait-il des pattes ? Oui, des pattes. Avait-il une bouche ? Bien sûr, une bouche. Était-il grand ? Très grand. Grand comme ce chien ? Oh ! bien plus grand ! Grand comme cette chèvre ? Plus grand. Grand