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I



Le temps de tourner ce feuillet, cinq ans ont passé. Me voici presque majeur. Jeannot est mort ; le goinfre est mort, M. le curé de Saint-Louis est mort. Pauvre homme ! un autre à sa place fera tonner la chaire. Le page, la reine, autant dire qu’ils sont morts aussi. Pour le reste, je résume.

Un matin, je me suis trouvé sans plus de vêtements qu’un Zoulou parmi d’autres jeunes gens aussi Zoulous que moi. Un médecin s’est intéressé particulièrement à mes genoux. Il a frappé dessus avec un petit marteau. Quelque chose clochait, paraît-il : je ne valais rien comme soldat. Maman en a été contente et triste, à cause de mon front à la Napoléon.

Dans ma conscience, il y a eu des hauts et des bas. Comme c’est compliqué. Il m’est arrivé de boire un verre de trop et de me coucher un peu gris. Même alors, je n’oublie pas mes Ave et il y en a de plus en plus. Je partage un Ave en dix tronçons que je compte