Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/126

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graves parmi les péchés mortels. M. le Curé avait couché ces idées si bien ensemble qu’en remuer une réveillait les autres.

Et voilà que tout à coup, quelque chose s’enflamma. Tout à coup ? Cela n’existe pas, mais j’en eus conscience brusquement. Cela me survint chez mon receveur certain jour que je vérifiais très innocemment l’argent que me versait un contribuable, une jeune dame très parfumée. Hum ! Je me trouvais derrière mon guichet et en même temps je me sentis la tête serrée entre deux bras, sur une poitrine d’où montait ce même parfum. Le parfum du péché, soit ! Mais aussi le parfum de la femme. Il n’y eut plus de scrupule qui tînt. La main du larbin sur la femme de chambre, ma main sur la fillette, l’étoffe d’un corsage comme le bois entre le miel et le museau de l’ours, j’y pensais, j’y pensais ! Et dire que certaines nuits, si j’avais été moins bête…

Quand ces idées me prenaient, plus moyen de dormir. Je sautais bas de mon lit et parmi la foule des boulevards, devant les grands cafés, dans certaines rues où je savais les mystères de l’amour à bon marché, je rôdais :

— Je veux une femme, une femme, une femme…

— C’est bien simple, m’avait dit un mau-