Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/127

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vais plaisant. Regarde-les droit aux seins : pas une ne te résistera.

La chose arriva comme je ne m’y attendais pas. Cela se passa à la foire de Neuilly. Une petite brune, des yeux noirs, un air simple, pas du tout distante, puisque les chevaux de bois qui nous balançaient, étaient voisins. Quelques tours sur ce manège, un Palais du Rire dont le plancher rigolo nous rapprocha puisqu’il nous jeta l’un sur l’autre, un verre pour se rafraîchir, un non qui dit non, un non qui ne dit plus non, une chambre que l’on montre « rien que pour voir » oh ! oui, à vingt ans, fût-il d’un trottin, le corps de la femme qui se révèle, est le sanctuaire des sanctuaires. Que ne pense-t-on pas ? Pense-t-on encore ? Eh bien, non ! Ces baisers sur la bouche, cette singulière attitude, ces balbutiements, cette fatigue tout à coup, ce corps tantôt si doux et maintenant trop chaud, je ne sais si les anges se détournèrent : j’éclatai de rire. Ce n’était pas du tout l’extase. Et tenez ! avec ma tante, pendant que je ne bougeais pas, attendant je ne sais quoi, sa main sur ma poitrine, j’avais été bien plus heureux. J’y pensai d’ailleurs. Quand je sortis de là, j’étais, comme je le suis souvent, triste et content. Plus triste que content. Honteux aussi : ce que j’avais fait n’était pas très pro-