Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


I



Mon nom : Marcel. Je ne m’aime pas. Une fusée filait en l’air pour devenir « une belle bleue », puis rien : c’est moi. Fusée ratée, ma tâche dans la vie se résume à additionner des chiffres. Entendons-nous. Je les additionne d’une certaine manière : par colonnes, d’abord de haut en bas, ensuite de gauche à droite, avec cette obligation que mon total soit le même dans les deux sens. Sinon, je recommence.

Ce n’est déjà pas si facile. Ainsi pour mon âge, si j’en fais le compte de haut en bas, je veux dire comme tout le monde, j’arrive à vingt-cinq ans. Mais si je pense à certains faits, me voici à cinquante. Du moins, j’estime en arriver à cinquante et alors c’est tout comme.

Vingt-cinq ou cinquante, je suis à l’hôpital, dans un de ces isoloirs que l’on a l’obligeance d’appeler : un chalet. Dire qu’à l’école, je ne comprenais pas ce que c’était qu’un