Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

euphémisme ! Il y a peu d’heures, je gonflais mes muscles pour détendre certains liens qui me sanglaient de partout. Une camisole de force, oui. On m’en a débarrassé. Elle attend sur une chaise, prête car on ne sait jamais. Mon voisin de chalet est là aussi, oh ! par amitié je n’en doute pas, mais également, si je m’en rapporte à certains regards, parce qu’on ne sait jamais.

C’est lui qui m’a passé des cahiers, un crayon :

— Écris, Marcel. Cela te soulagera. Tu verras clair en toi.

Écrire ! Écrire quoi ? Parmi d’autres choses, j’en abhorre deux : les clins d’œil et, je m’en expliquerai bientôt, certain mot. Ce mot, je vais l’écrire tout de suite : NIAISERIE. Il m’est arrivé de décider un acte, mais un de ces actes que l’on considère comme essentiels, et de le voir tomber en morceaux, uniquement parce qu’ayant ouvert un livre, NIAISERIE me sautait aux yeux, comme un jugement et un sarcasme. Ce mot d’ailleurs m’obsède. Je le vois imprimé, en lettres de plaques de rue, à tous les coins de ma vie. Rien de fort, rien de grand, jamais la belle bleue ! Raconter cela ?… Il est vrai qu’en se plaçant à certains points de vue…

Alors écrire, soit. Mais pour qui ? Pas pour