Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/133

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mort. On avait escamoté la lettre. Elle était tout entière dans mes yeux. CHARLES CORBIER… longue et pénible maladie. J’y pensai toute la nuit. Longue et pénible. Pendant ce temps, je rôdais comme un chien. Pas une seule fois, je n’avais été le voir. Aussi pourquoi ne m’avait-on pas écrit ? Jamais je n’avais ressenti aussi fort mon affection pour Charles. Cependant je lui en voulais presque d’être mort sans m’avoir averti. Je ne parvins pas à surmonter cette idée stupide.

À sept heures, je fus debout. Maman me beurra des tartines :

— Je ne mangerai pas, maman. Je pars tout de suite.

— Tu ne partiras pas à jeun. Déjà hier, tu n’as pas mangé.

— Je n’ai pas faim.

— L’enterrement n’a lieu qu’à trois heures.

— Je veux partir, maman.

Quand je m’entêtais, il n’y avait rien à faire. Au moment de partir, maman me glissa sous le bras quelque chose. J’acceptai sans y penser.

Comme toujours, mon tramway venait de partir. Je fis les cent pas en attendant le suivant. Machinalement je développai le paquet de maman. C’était une couronne.