Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout n’est pas dehors. Ici non plus. Je sortis d’un air indifférent, comme un curieux qui est entré pour jeter un coup d’œil, en sachant bien qu’il ne verrait rien. Il n’y avait d’ailleurs personne.

Quelques instants après, je me trouvai dans le vestibule. Là vraiment, pendant une seconde, je fus ému. La mère était venue m’ouvrir, toute petite, en deuil, les yeux rouges et si pâle. Pauvre femme ! Elle me prit dans ses bras. Ses larmes mouillèrent mes joues :

— Quel malheur, Marcel… Un homme comme lui… Vous étiez son meilleur ami.

Malgré moi, « un homme comme lui » me fit sourire. « Meilleur ami » me flatta. L’idée me vint bien qu’étant ce meilleur ami, on aurait dû m’avertir. Je la chassai très vite. J’allais me trouver en présence de Charles. Et non ! Comme la mère se détachait de moi pour me mener, quelque chose m’entraîna une main. Ma couronne ! Avec ses fils de fer et ses perles, elle s’était accrochée dans un nœud de crêpe de la robe. En un tel moment, ce fut lugubre. L’Autre en moi eut bien du plaisir. Il nous fallut travailler longtemps : moi à genoux : « Excusez-moi, Madame, Permettez… », elle se laissant faire, inquiète un peu : « Prenez garde… N’arrachez rien. » Il est certain qu’elle-même en