Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/138

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la première fois que je me découvrais pour Charles. Je n’aurais pas osé le tutoyer. Je restai un instant stupide. Il était là ! Il était là, mort, seul, presque à l’abandon. Quel silence dans ce noir ! J’avais été ignoble de me laisser distraire tantôt. Boire du Gaillac, tandis que lui… Mais ce n’était pas de ma faute. Il me pardonnait, n’est-ce pas ? Au fond, j’avais de la peine, une grande peine, Charles, grande, grande… J’enrageais de ne pas trouver mieux. J’étais ému ; j’aurais voulu que mon émotion sortît autrement.

Pendant ce temps, l’Autre en moi donnait ses petits coups d’œil : ces candélabres, ce grand crucifix, un chat imprévu qui bâilla et disparut sous les tentures, la petite table à l’entrée qui ne laissait pas d’être un peu ridicule, parce qu’elle faisait penser à un mendiant qui eût tendu un riche plateau d’argent. Et voilà qu’en regardant mieux, je m’aperçus que la chapelle était loin d’être prête. Les cierges ne brûlaient pas ; le Christ était posé de guingois ; ce que j’avais pris pour le cercueil, était simplement les tréteaux sous le drap, pour tout à l’heure. Une idée dont je rougis, me traversa le cerveau. Quelques jours auparavant, j’avais vu un étalage de quincaillerie et une inscription m’avait donné toutes sortes de réflexions bizarres :