Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/143

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d’haleine qui puait le jambon. Pouah ! Est-ce que je mangeais, moi ? Jamais je n’ai autant détesté un homme.

Après, je lui en voulus moins, parce que, remarquant ma couronne, il la prit, la balança une seconde, la déposa sur un monceau de gerbes que je n’avais pas vues par terre dans un coin. Enfin ! j’étais débarrassé. Avec quelle simplicité ! Mais, presque aussitôt, je m’avisai que seule parmi ces belles fleurs, ma couronne était artificielle et mesquine. Moi le meilleur ami ! Allait-elle me persécuter jusqu’à la fin ? Je la détestai. Je détestai maman qui me l’avait donnée. Les autres aussi, me semblait-il, me méprisaient. Ils ne disaient plus rien.

— Peut-être, fis-je, que je vous dérange.

Et jouant du menton comme la mère :

— Je lui tiendrai compagnie.

— Vous permettez ?

Ils n’attendaient que cela.

Leur départ eut ce résultat que je me trouverais seul avec Charles. Ce bon Charles ! Je contemplai longuement le cercueil. J’en fis le tour. Je posai la main dessus :

— Charles !

Bien qu’il renfermât un mort, son contact n’était pas différent de celui d’un autre meuble. Je fis encore quelque pas. J’arrivai devant