condes et se redressant tout à coup me regarda avec un drôle d’air :
— Eh bien ! moi, à ta place, je sais ce que je ferais.
Je sentis un grand froid : « Comment peut-il savoir déjà ?… Dans une histoire qui ne tient pas debout… Non, c’est impossible. Et pourtant si… Il faut à tout prix qu’il s’explique. » Je pris un ton indifférent :
— Tu sais ? Que ferais-tu ?
— Moi…
J’étais certes un peu gris. Mais il se passa quelque chose que l’influence seule du vin ne justifie pas. Nous étions assis face à face, séparés par le marbre rond d’une petite table. Cette table resta ce qu’elle était. Par je ne sais quel sortilège, le visage de Dupéché fila loin, loin, se rétrécissant à mesure, tandis que sa main, plus grande qu’il ne fallait, ouvrait autour de son verre des doigts trop gros, avec des bagues énormes.
— Moi…
Le mot m’arriva rapetissé par la distance. Bien que les lèvres bougeassent, le reste ne me parvint pas.
Rageusement, je frappai sur la table.
— Pas de blague, Dupéché. Tu sais ce que tu ferais à ma place : tu dois me le dire.
— Moi…