Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/200

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plus à moi. Il y eut alors un malentendu. Ignorant la vérité exacte, j’étais en droit de la croire plus affectée qu’elle ne l’était en effet. J’aurais voulu la soutenir. Je me disais : « Tu l’as peinée. Aussi longtemps qu’elle souffrira, tu ne peux la quitter. » Je l’accompagnai le long d’une rue ; nous prîmes la suivante. À la fin, le rose de ses joues reparut. Elle dut aussi gronder sa Kira qui tirait trop fort sur sa laisse… Elle revenait sur la terre.

— Je crains d’être indiscret, fis-je. Je suis peiné de vous avoir chagrinée. J’ai eu tort.

— Mais non, dit-elle très douce. Vous avez cru bien agir. Je vous remercie.

— Oh ! ne me remerciez pas. Si vous saviez…

J’aurais voulu tout avouer. Je m’inclinai. Elle leva les yeux vers moi. Ces yeux étaient tristes. Ils souriaient un peu.

Comme je marchai ! Bouleversé oui je l’étais ! j’avais troublé une femme. Content oui ! puisque cette femme enfin m’avait parlé. Gêné aussi, car je ne méritais pas son merci. Et heureux, oh ! heureux, parce qu’elle n’avait pas lu ma lettre, que pour elle du moins, ma vilaine action n’existait pas.

Dupéché m’attendait dans le bar. À son aise partout, il avait trouvé des partenaires