Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/199

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me rencontrait dans le tramway. Rien ne l’empêchait…

— Il ne voulait pas. Il ne voulait plus.

— Oui, dit-elle, à un moment il a changé. Je n’ai jamais su pourquoi.

— À cause de cela, dis-je, avec un signe du menton vers sa main.

Elle regarda sa main. Cette main tenait un gant, un sac : c’est tout.

— Vous aviez une bague. Vous l’avez enlevée. Puisque vous m’interrogez, il a cru que vous la retiriez en cachette. Il en a conclu que vous étiez fiancée et…

Pour une raison que je ne compris pas, elle regarda cette main qui avait porté la bague. Me voyait-elle encore ?

— Une bague ! Quelle bague ?… Oui, peut-être l’opale de maman. L’ai-je enlevée ? Oui non, comment savoir ?

Elle se tourna vers moi :

— Comme il a dû souffrir, le malheureux !

Je lui sus gré de ce premier cri. Pas une plainte sur elle-même. Je marchais à son côté et l’admirais. Comme tout cela était bête. Et moi, avec mes combinaisons, j’avais tout bonnement réussi à troubler une femme :

— Mademoiselle.

— Le malheureux !

Elle répéta trois fois le mot. Je ne pensais