Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/26

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pensait : « L’autre mange ; moi je n’ai rien. » Je donnai un nouveau morceau au chien. Oui mais alors le chat eut fini. Et que pouvait-il penser ? Je donnai un morceau au chat. Oui, mais alors, ce fut de nouveau Toto-Chien. Je n’en sortis pas. Les croissants y passèrent.

— Bravo, dit maman, tu as mangé tout.

— Oui, maman.

J’étais content parce que j’avais régalé Toto-Chien et Minou-Chat. Inquiet aussi, car j’avais dit oui quand c’était non. J’avais menti. Un instant seul, j’ouvris le buffet où l’on trouvait toujours quelque bonne chose. J’en croquai un peu. C’était sucré. J’en croquai encore, puis encore. J’avais mangé : je n’avais plus menti. À midi, maman trouva cette assiette vide.

— Est-ce toi, petit ?

— Oh ! non, maman.

— Si, mon petit. Il ne faut pas mentir. Et manger des bonbons en cachette, c’est voler. Oh ! le vilain !

Voler ! Ainsi pour n’avoir pas menti, j’avais re-menti, puis volé. L’histoire me hanta longtemps. Maman triste ou soucieuse, je la regardais : « C’est parce que tu as menti, puis volé. » Maintenant encore, quand j’y pense… Ce fut, je crois bien, ma première histoire de plume coupée en deux.